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Monthly Archives: janvier 2023

Collection : Marie-Jeanne FARAVEL

Marie Jeanne FARAVEL, Elle rêve de liberté, technique mixte, Collection Musée Art et Déchirure

Née en 1949 en Saône-et-Loire, Marie-Jeanne FARAVEL est une créatrice autodidacte. Elle réside à Rives, près de Grenoble.

« Artiste étonnante et particulièrement féconde, Marie-Jeanne Faravel nous entraîne dans un monde onirique, un monde qui fait la part belle à l’imaginaire certes, mais aussi aux émotions, et finalement à l’humain. Ses dessin suscitent élans et attraits, dialogues et interrogations, au cœur d’un univers de dédales et d’arrondis. Nous trouvons son fil d’Ariane dans l’arrondi de ses traits, arrondis chargé d’humanité, mais aussi de mystères. Cette touche permanente et mystérieuse nous renvoie à une interrogation : que cherche-t-elle derrière ces visages, seraient-ce nos fragilités, nos doutes ou encore les parcelles invisibles de nos identités ? Car, à mi-chemin entre le support et le miroir, son univers semble être un reflet : celui d’une énigme à résoudre, une énigme présente entre les surfaces lisses et les parties souterrains qui habitent ses personnages. Son œuvre est une fenêtre ouverte sur un « autre part », une invitation à la suivre dans les dédales de cet « ailleurs » empli de couleurs et d’expressions. »

C. Lévêque


Catalogue du Festival Art et Déchirure 2016 :

« Il n’y a pas de hasard il n’y a que des rendez-vous. L’histoire de mes poupées commence ainsi : par une belle journée de septembre 2012 alors que je ne cherche rien, je trouve. Poupées abandonnées avez-vous donc une âme ? Blotties les unes contre les autres, au fond d’un carton, parmi mille et un objets en attente d’une autre vie, qu’attendent-elles ? C’est décidé je les adopte toutes. De mes petites mains, aujourd’hui elles revivent.
Avec enchantement ces poupées m’ont fait reprendre contact avec ces outils de création aimés sans fin, les aiguilles, le fil, le tissu, les boutons, la laine … juste pour le besoin et l’urgence de créer et ainsi partager avec vous cette petite parcelle de mon chemin. »

Collection : Béatrice BABARIT

Béatrice Babarit est née en 1959. Elle fréquente « Artelier » de 2000 à 2012 (ESAT Arc-en-Ciel à Cholet). Elle travaille à l’encre de Chine. Elle commence par peindre un fond à l’acrylique sur papier puis appose sa signature avant de commencer à dessiner. Elle travaille d’après photo (personnelles ou trouvées dans des catalogues de robes de mariées). Elle a quitté Arc-en-Ciel en 2012 pour rejoindre un foyer de vie.
L’œuvre de Béatrice BABARIT a remporté un grand succès au festival Art et Déchirure » de Rouen en 2008.

Béatrice BABARIT, sans titre, 2008, collection Musée Art et Déchirure

http://arcenciel-artotheque.fr/v1/artiste/babarit-beatrice/

Collection : Odette PICAUD

« Il y a quelques années, dans une décharge, je tombais sur une boîte à chaussures éventrée autour de laquelle gisaient de vieilles photos, du courrier, des gants et divers documents. Touchée, j’ai tout ramassé. Cette boite appartenait à une dénommée Odette Picaud. Elle ne m’a plus quittée. »

site officiel

Odette PICAUD, Souvenir d’un sauvetage, tissu, poupées, chaussures d’enfants, mixte, Collection Musée Art et Déchirure

Collection : Paty VILO

https://patyvilo.blogspot.com/
https://www.instagram.com/patyvilo2/
https://fr-fr.facebook.com/paty.vilo/
https://www.lepetitjournal.net/47-lot-et-garonne/2019/05/06/paty-vilo-bas-les-masques/#gsc.tab=0

« Artiste multidisciplinaire, j’ai exploré le Body Art, le Land-art et la sculpture : bronze, argent, terre, céramique et matériaux divers comme le fil de fer. Depuis 2005 je travaille avec le textile.
Mes créations sont des moments de poésie teintée d’humour.
Un humour noir parfois, mais plein de compassion !
Mon matériel de prédilection actuel est la peluche. Elle a l’intérêt de provoquer instantanément une relation affective avec le spectateur.
En deuxième axe je crée des masques en crochet, réminiscence de mon travail de maquilleuse »
Paty Vilo

Paty VILO, Le Jardin de Peter Pan, installation, collection Musée Art et Déchirure, 2017 – Photographie Festival Art et Déchirure 2017
Paty VILO, Le Jardin de Peter Pan, installation, collection Musée Art et Déchirure, 2017, photo JFG, décembre 2022.
Paty VILO, Le Jardin de Peter Pan, installation, collection Musée Art et Déchirure, 2017, photo JFG, décembre 2022.
Paty VILO, Le Jardin de Peter Pan, installation, collection Musée Art et Déchirure, 2017, photo JFG, décembre 2022.
Paty VILO, Le Jardin de Peter Pan, installation, collection Musée Art et Déchirure, 2017, photo JFG, décembre 2022.

Notice du catalogue Art et Déchirure 2017 :

« Pour la psychanalyse l’enfance est « la » période de notre vie qui influe sur nos comportements futurs et fait de moi ce que je suis à l’âge adulte. Alors il semble couler de source de créer pour ce nouveau musée un espace où l’on peut laisser surgir ses souvenirs d’enfance.
« Le Jardin de Peter Pan » c’est laisser surgir les souvenirs de tendresse partagés avec nos confidents peluches, nos doudous. Ceux qui ont recueillis nos larmes et nos secrets, supportés stoïquement nos colères et nos angoisses lorsqu’on leur arrachait les bras et sautés dans nos bras pour nos jeux et nos éclats de joie.
Déambuler au milieu de ces peluches suspendues c’est plonger dans nos souvenirs, se laisser envahir par la tendresse et retrouver notre liberté d’enfant. Suspendues dans les arbres les peluches pleureront sous la pluie, grelotterons sous la neige, se dorloteront au soleil et s’exposeront nues sans défenses face aux intempéries comme nous sommes enfants sans défense face aux accidents de la vie… »


L’Aracine

Chronologie de l’histoire de L’Aracine :

  • 1971 : annonce de la donation de la collection d’art brut de Jean Dubuffet à la ville de Lausanne (Suisse)
  • 1975 : le déplacement géographique des collections de Dubuffet, effectif en 1975, provoque chez Madeleine Lommel (1923-2009) « un sentiment d’indignation qui se transforma en un désir fou : celui de poursuivre l’aventure sur le sol français ».
  • 1978 : Madeleine Lommel et une amie de longue date, Claire Teller, rencontrent Michel Nedjar avec lequel elles commencent à constituer une collection d’art brut qui prend une véritable ampleur au début des années 1980.
  • 1982 : fondation de L’Aracine, une collection d’art brut, dirigée par Madeleine Lommel jusqu’en 2009.
  • 1984-1996, la collection est présentée au public à Neuilly-sur-Marne.
  • 1986 : la direction des Musées de France confère à L’Aracine la qualité de musée contrôlé.
  • 1995 : la demande est faite au musée d’art moderne Lille Métropole (le LaM) d’accueillir la collection en ses murs.
  • 1997 : une grande exposition de la collection est organisée au LaM
  • 1999 : intégration de L’Aracine au LaM de Villeneuve-d’Ascq (la collection comporte plus de 3 900 œuvres de 170 artistes).
  • 2009, le musée de Lille Métropole organise une grande exposition hors les murs de la collection à l’Institut national d’histoire de l’art de Paris.
  • 2010 : L’Aracine devient la plus grande collection publique d’art brut présentée en France.
1982 : Inauguration du Musée de l’Aracine à Neuilly-sur-Marne. Les fondateurs de l’association sont Madeleine Lommel, Michel Nedjar et Claire Teller (ici avec André Robillard).
https://christianberst.com/ressources/historic

Nombre de grands créateurs d’art brut sont présents dans cette collection, dont :

  • André Robillard
  • Aloïse Corbaz
  • Henry Darger
  • Madge Gill
  • Augustin Lesage
  • Adolf Wölfli
  • Carlo Zinelli

ancien site :
http://laracine.free.fr/ – dernière mise à jour 01.03.2010


L’Aracine est une Collection d’Art brut fondée en 1982 par Madeleine Lommel. Elle est intégrée au LaM de Villeneuve d’Ascq depuis 1999 et comporte plus de 3900 œuvres de 170 artistes. C’est, depuis 2010, la plus grande Collection publique d’Art brut présentée en France.

Une chanson qui déchire !

https://fr-fr.facebook.com/Astereotypie/

La suite là :

https://www.youtube.com/channel/UC2-DbmgT33Pk6L_WgVjfeFA

et aussi là :
https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/l-energie-positive-des-dieux-documente-le-projet-musical-singulier-astereotypie-emmene-par-cinq-jeunes-autistes_5335300.html

Avec un regard juste et profondément humain, ce film de Laetitia Møller déjà récompensé dans plusieurs festivals nous plonge au coeur de leur processus créatif – septembre 2022

« Astéréotypie, terrain d’expression thérapeutique devenu proposition artistique remarquable, a déjà donné lieu à trois albums, dont le dernier, Aucun Mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme, a paru en avril. Ce film en immersion de Laetitia Møller, qui éclaire avec élégance un pan méconnu du handicap et en dit long sur le pouvoir de l’art et de la créativité partagé par tous, est tout simplement bouleversant. »

Collection : VLADIMIR

Pascal SAINT-VANNE dit VLADIMIR, né en 1956 à Verdun (Meuse)

https://www.vladimir-peintre.fr/

autodidacte – instinct – sans calcul – sans théorie – sans a priori – sans souci de plaire – sans message – écorché – souffrance – douleur – passion – frénésie – sensibilité – amour – humour – peintre –

VLADIMIR, sans titre, collection Musée Art et Déchirure
VLADIMIR, sans titre, collection Musée Art et Déchirure
VLADIMIR, sans titre, collection Musée Art et Déchirure
VLADIMIR, sans titre, collection Musée Art et Déchirure
VLADIMIR, sans titre, collection Musée Art et Déchirure

Article du catalogue du Festival Art et Déchirure 2016 :

« Vladimir Saint-Vanne étreint à cœur les talismans de la haute peinture, et ses œuvres vives, brutales et crues, sont autant d’implacables cicatrices, arrachées du dedans à la mort-vie. Et celui qui sait créer sait aussi écrire. Mots qui traversent le langage et recréent la langue.
Les tendresses saccagées de la peau fouillent l’insondable opacité. On dirait des plaques d’abîme, des mémoires de plaie, et des surgissements accablants de vérité transgressée, et de sincérité nue. Sensibilité sans barrière surgie sans limite de nos lointains cachés. Le tout autre, halluciné et vrai, blesse l’univers entier de la toile.
Innombrable autoportrait fracassant le miroir aveugle de tous les Narcisse de la modernité. La prise de risque est insensée, et son humanité saisissante.
Vladimir Saint-Vanne ose brûler les surfaces. Ce créateur des extrêmes est un dur-à-peindre. Un récalcitrant. Il creuse des trous dans la peinture. Il ne craint pas la sanglance vitale. Œuvre broyée d’art et de vie.
Sous l’étendue, couve la fragilité des grands fonds. L’art vit de ces braises chaudes. »
>> Christian Noorbergen

 

La Fabuloserie a 40 ans

Le Monde en parle (et en reparle : samedi 11 février 2023) :

« Il y a quarante ans, l’architecte Alain Bourbonnais (1925-1988) et son épouse, Caroline (1924-2014), ouvraient au public ce qui était jusque-là leur maison de campagne, à Dicy (aujourd’hui Charny-Orée-de-Puisaye), dans l’Yonne. Cet anniversaire, que fête judicieusement la Halle Saint-Pierre, à Paris, est un bel hommage à une aventure familiale (leurs filles continuent d’animer le lieu) qui a débuté par la découverte, en 1946, de l’exposition d’art brut organisée par Jean Dubuffet à la galerie parisienne Drouin. L’annonce, en 1971, par le même Dubuffet que sa collection allait se réfugier en Suisse, à Lausanne, incita Bourbonnais à prendre le relais, avec la bénédiction du maître. Il ouvrit d’abord une galerie, l’Atelier Jacob, consacrée à ce qu’il préférait nommer « l’art hors-les-normes », dont il semble avoir été le meilleur client.
Soutenue par le regretté critique Michel Ragon (1924-2020), exposée par Suzanne Pagé en 1978 à l’ARC, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris sous le titre « Les Singuliers de l’art », la collection des Bourbonnais est donc en partie visible par le public parisien, assez, on l’espère, pour lui donner l’envie, aux beaux jours, d’aller la voir dans ce lieu magique qu’est Dicy. »

Harry Bellet
« La Fabuloserie », Halle Saint-Pierre, Paris. Du 25 janvier au 25 août 2023.
Hallesaintpierre.org

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/01/06/les-expositions-a-ne-pas-manquer-en-2023_6156803_3246.html


La Fabuloserie, à la Halle Saint-Pierre : une bouffée d’art frais

11/02/2023 – Le Mode – Harry Bellet

Le musée parisien d’art brut expose la collection d’œuvres hors norme, surprenantes et fantasques d’artistes ordinaires issue de la maison-musée d’Alain et Caroline Bourbonnais.
Dans un monde de l’art où se multiplient les noces crapuleuses (art et luxe, art et argent, art et spéculation, art et statut social), il y a de temps en temps des bouffées d’art frais. Et aussi des oasis. La Halle Saint-Pierre, à Montmartre, est de celles-là. Tout comme La Fabuloserie, à Dicy (aujourd’hui Charny­-Orée-­de-­Puisaye), dans l’Yonne. La première permet à la seconde d’hiverner dans la capitale, en attendant son ouverture annuelle au printemps et tout l’été. Et les habitués de la seconde seront bien inspirés de visiter la première : on y montre des œuvres qui ne sont que rarement sorties des réserves.
Ce qu’on nomme ici l’art frais, l’artiste Jean Dubuffet (1901-1985) l’avait baptisé « art brut ». Il tenait à ce terme au point de tenter, intellectuellement, d’en faire une marque déposée. Lorsqu’il annonça, en 1971, que la collection qu’il en avait constituée – dans son cas plutôt des productions d’aliénés – allait trouver, devant le désintérêt des autorités françaises, refuge à Lausanne (Suisse), l’architecte Alain Bourbonnais (1925-­1988) et son épouse, Caroline (1924­-2014), décidèrent de prendre le relais. La correspondance entre les deux hommes, publiée en 2016 (Collectionner l’art brut, avec une présentation de Déborah Couette, aux éditions Albin Michel), montre que cela ne s’est pas fait sans frictions.
Notamment parce que Bourbonnais avait eu l’idée saugrenue de créer d’abord, en 1972, une galerie, l’Atelier Jacob, sise à Paris dans la rue du même nom. Or l’ancien marchand de vin qu’était Dubuffet ne pouvait supporter (même s’il l’achetait à vil prix, et peut-être aussi pour cela) qu’on fasse commerce de cet art-là. Idée saugrenue aussi, tant chez l’un que chez l’autre, parce que Bourbonnais qui, pour éviter les colères fameuses de Dubuffet préféra au terme « art brut » celui d’« art hors-les-normes », fut le principal sinon le seul client de sa boutique.
Lorsqu’il mit la clé sous la porte en 1982, pour ouvrir La Fabuloserie dans sa maison de campagne, il pouvait toutefois s’enorgueillir d’avoir, avec la complicité et le soutien de son ami le critique Michel Ragon, envahi l’Institution : en 1978, Suzanne Pagé montrait au Musée d’art moderne de la Ville de Paris une exposition conçue à leur initiative sous le titre « Les Singuliers de l’art » : 350 œuvres prêtées par Alain et Caroline Bourbonnais. Ce fut l’une des rares, sinon la seule manifestation consacrée par un musée français à cet art à nul autre pareil.
Si ce sont souvent des gens simples, leurs productions sont généralement d’une complexité inouïe
Pourquoi ? Parce qu’il est l’ouvrage de femmes et d’hommes du commun. Pas toujours malades mentaux, pas toujours autodidactes – Alain Bourbonnais lui-même, tout diplômé d’architecture qu’il ait été, a réalisé des sculptures d’une sauvagerie et d’un humour décapants –, mais toujours portés par un besoin plus grand qu’eux, celui de créer, de donner une forme à leurs mondes intérieurs. Le monument en la matière, c’est le Palais idéal du facteur Cheval, à Hauterives (Drôme). Un autre est installé et visible à Dicy, c’est le Manège de Pierre Avezard (1909-1992), dit Petit-Pierre, garçon vacher de son état et auteur d’un des automates les plus surprenants et les plus vastes du monde, doté d’engrenages que l’on croirait pensés par un ingénieur du paléolithique.
On découvre, à la Halle Saint-Pierre, les œuvres de cinquante artistes qui ont quelques caractères communs. D’abord, si ce sont souvent des gens simples, leurs productions sont généralement d’une complexité inouïe. Rares sont celles (ou ceux) qui, comme Marie Rose Lortet, tracent des épures (les siennes font songer à des modélisations en 3D, mais elle les réalise avec des fils de laine) dans l’espace. Non, le plus souvent, on est dans la profusion, la démesure, mais aussi le grotesque, mieux, le gargantuesque, car ce qui caractérise généralement tous ces gens, c’est l’exubérance et la générosité. De nos jours, c’est réellement réjouissant.

« La Fabuloserie ». Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, Paris 18e. Jusqu’au 25 août 2023.

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/02/11/la-fabuloserie-a-la-halle-saint-pierre-une-bouffee-d-art-frais_6161386_3246.html

Collection : Francis MARSHALL

Francis Marshall est né en 1946 à La Frette-sur-Seine.
Titulaire d’un CAP de sculpteur sur bois. Artiste hors les normes dès 1969 : création de plus de 400 bourrages, sculptures de tissus, de ficelles et de bois. Découvert par Alain Bourbonnais, collectionneur d’Art Brut et ami du peintre Jean Dubuffet, il expose ses bourrages en 1973 à l’atelier Jacob à Paris, au musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 1978 et à Londres en 1979 à la Hayward Gallery.
Il crée l’héroïne «Mauricette» exposée à la Fabuloserie, musée d’Art Brut dès 1983.
A partir de 1986, il produit 250 sculptures bourrées avec tables, chaises, buildings, trains, sarcophages, placards et vélos. Dans les années 1990, il réalise plus de 150 peintures avec cadres et écritures. En 1996, il commence à enfermer des peintures dans des placards. En 2009, il conçoit le « Château de la Solitude » avec pavillons attenants (bourrages avec peintures).
Francis Marshall a enseigné à l’école d’Art du Havre de 1977 à 2014.

Francis MARSHALL, Château de la solitude, installation, Musée Art et Déchirure




Notice du catalogue du Festival Art et Déchirure 2017 :

« Le train 31425 s’est arrêté à Sotteville-lès-Rouen, il est sorti de ses rails. Francis Marshall l’a mis en panne. Marshall aime les histoires ; il aime les lettres de réclamations, les chefs de gare, la sexualité rurale, l’heure de la soupe, les gens qui attendent, les maisons abandonnées, les voyages en train, etc. Plusieurs wagons sont immobilisés devant des maisons abandonnées, une stèle en forme de pagode côtoie une salle d’attente et un totem flanqué de hachettes. Tout un amalgame de matériaux patiné par le temps, le soleil et la pluie, est posé là, progressivement sorti de son atelier à ciel ouvert proche de sa maison familiale. Un bourrage oublié de ses truculents personnages s’est trouvé associé à une peinture rappelant les soins médicaux dans un collège de jeunes filles, puis des enfants trouvés sont alignés dans une salle d’attente improbable qui forme une sorte d’inventaire de différentes séries. Ce chemin de fer devant ces drôles de personnages  assemblés avec des portes et autres objets sculptés constituent autant d’images d’un monde désuet et attachant ; Cet embryon de rétrospective, ordonnée par l’artiste en trieur en chef soucieux des associations et des matériaux utilisés, nous invite à découvrir un univers singulier, sensible et figuré, parcouru d’une matière biographique exaltée, détournée et recomposée.
Fils de cheminot, enseignant il y a plus de quarante ans au Collège technique de Pont-Audemer, Francis Marshall rejoignait chaque jour en Solex la longère qu’il habitait au lieu-dit « Le bout des haies » à Trouville-la-Haule, en surplomb de la Seine aux confins de l’Eure. C’est là qu’il a commencé au début des années soixante-dix sa série de « Mauricette » en bourrant des bas avec des chiffons trouvés chez Cléroult, le ferrailleur du coin. Mauricette représentait l’archétype des jeunes filles de la campagne, celles qui prennent le car pour aller à l’école apprendre à coudre et à cuisiner, affublées de leur blouse réglementaire en nylon rose. Traitées avec des physiques ingrats qui renvoient autant aux rudes conditions de la vie en campagne l’hiver dans le froid et la boue qu’à la physionomie de personnages mal habillés, mal soignés et mal nourris, les personnages de Marshall déclinent, non sans poésie et humour, une série de moments choisis d’un univers familial et social frustre : les enfants figés dans leur siège, contraint dans leur condition. Ces sculptures bricolées, souvent dégradées par leur longue exposition à la pluie et au vent ce qui en accentue la fragilité matérielle et existentielle, incarnent une généalogie imaginaire à travers les postures sociales, les allusions sexuelles ou les frictions entre générations ; elles portent des écriteaux indiquant leur raison sociale, sexuée, toponymique ou chronologique. Tel Enfant aux oiseaux, Château de la solitude, Salle d’attente ou telle Maison abandonné (région de Belbeuf) résonnent comme autant d’échos plus ou moins biographiques où l’artiste s’identifie aux « petites gens » selon l’expression consacrée ; ces gens-de-peu mal fagotés aux goûts simples, toujours démodés ; ceux des dispensaires et des salles d’attente venus montrer leurs maladies bénignes ou peu avouables ; ceux des faits divers, amputés de la vie aux physiques ingrats, aux environnements abîmés et aux désirs inassouvis qui rêvent cependant de nouveautés, de voyages lointains et d’aventures sentimentales. Il y a beaucoup de tendresse chez Marshall pour ses personnages, leurs meubles et leurs décors, souvent grotesques mais terriblement humains. En même temps, il n’est pas dupe, derrière les clichés sociaux et conformistes pointent souvent les désirs secrets, les projets contrariés, les rêves inaboutis où chacun peut se reconnaître !
Les peintures qu’il réalise depuis une vingtaine d’année prolongent cet univers où nous sommes invités à toutes les curiosités. Des personnages semblant directement issus d’anciens magazines illustrés ou de romans-photos apparaissent aux fenêtres des wagons ou posent devant des paysages stéréotypés dont le coucher de soleil constitue l’archétype. Chaque fois la peinture est impeccable, claire et précise, alternant aplats et modelés dans une fine couche de couleurs.
Les objets peints ou fabriqués par Francis Marshall sont des présences affirmées, ils renvoient à travers des postures ou des types sociaux aux mythologies familiales et collectives qui jalonnent chacune de nos existences. »


RIEN QUE DES HISTOIRES DE FOUS – ENTRETIEN AVEC FRANCIS MARSHALL SOUS LE VENT DE L’ART BRUT.
Un film de Hervé DELAMARE. 1h 06 mn / 16 : 9 HD / 2019 / Documentaire.
Si l’Art Brut est encore peu connu du grand public, il est au cœur du parcours d’un artiste qui depuis plus d’une cinquantaine d’années est l’une des figures internationales sous son vent : Francis Marshall. Entre décomposition et fertilité, ses objets qu’il nomme les Rembourrés, nous vengent un peu de nos règles éducatives et sociales. Un univers parodique aux confins de l’humour noir, du politiquement incorrect, de l’anti-commercial. Au fil d’un entretien haut en couleur, l’artiste nous raconte les jalons de son parcours jusqu’à sa participation au nouveau musée normand Art et Déchirure, sans compter son implication durant 37 ans en tant qu’enseignant à l’école d’art du Havre.

C’est cet ensemble de témoignages qu’Hervé Delamare, l’un de ses anciens élèves, recueille un après midi de novembre à L’Atelier du Mulet. Le film évoque également des facettes oubliées d’une histoire de l’art incisive. Car si l’Art Brut bouscule joyeusement les repères culturels des années soixante – soixante dix, d’autres mouvements artistiques sont visiblement eux aussi, les folles conséquences d’enjeux qui les dépassent.

La maison aux coquillages

« Ils nous ont dit que c’était de l’art, mais nous… on n’y croit pas. »

Siouville-Hague (50) –

« M. Clément était chaudronnier dans la région parisienne. A son départ en retraite, il décide d’agrémenter sa maison de vacances avec des coquillages. Durant dix ans il fabrique chez lui personnages et ornements qu’il ramène dans sa voiture, à Siouville. » https://www.siouville-hague.com/patrimoine/
Photographie de J.-F. GUILLOU, 08/2021
Photographie de J.-F. GUILLOU, 08/2021
Photographie de J.-F. GUILLOU, 08/2021
France 3 Bretagne – 31 mai 2020 /
A Siouville-Hague dans le Cotentin, au détour d’un petit sentier menant à la plage, se trouve une ancienne petite maison de pêcheur entièrement décorée de coquillages. Décorée, n’est pas le bon terme. On est là en présence d’une véritable œuvre d’art, ce qu’on appelle de l’art brut, comme le palais du Facteur Cheval, ou la maison Picassiette…

et la suite, en juillet 2021 :

https://fr-fr.facebook.com/france3bretagne/videos/la-petite-maison-aux-coquillages/217553520259464/

A Siouville-Hague dans le Cotentin, au détour d’un petit sentier menant à la plage, se trouve une ancienne petite maison de pêcheur entièrement décorée de coquillages. Décorée, n’est pas le bon terme. On est là en présence d’une véritable œuvre d’art, ce qu’on appelle de l’art brut. Monsieur et Madame Clément, originaires de la région parisienne, ont acheté cette maison lors d’un séjour en mai 1968, fuyant l’agitation. A leur retraite, ils ont commencé à la recouvrir de coquillages…