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« Accueil » : une installation de Caroline DAHYOT

folio #2 / MA&D

Caroline DAHYOT est venue installer sa famille-monde dans la salle d’accueil de l’ancien pavillon des femmes du C.H.R. Un lieu qui abrite désormais le Musée Art et Déchirure à Sotteville-lès-Rouen.

Dévoilement : le drap est au cœur du propos, en opacité ou en transparence

Elle travaille au plus juste, avec une étonnante économie de moyens (un escabeau, un tube de couleur, un pinceau, une touche) pour un résultat foisonnant et déconcertant qui joue, comme sans l’avoir voulu, de la répétition et du décalage. C’est très dense et c’est très construit, mais par touches légères et rapides, qui se posent avec justesse exactement là où on ne les attendait pas.

Caroline DAHYOT, le Baiser des amoureux, peinture acrylique sur linoléum, 2023, Musée Art et Déchirure – photo JFG

Au centre du dispositif, une grande fresque peinte sur un sol anthracite : des lèvres qui s’unissent jusqu’à ne former qu’une bouche. La lumière émane des corps amoureux : elle est comme le fruit de ce baiser. « Je t’aime de tout mon cœur » se disent-ils mutuellement : un amour-luminaire qui éclaire le miroir obscur de la surface des eaux, comme dans le songe d’une nuit d’été au bord d’un lac. C’est beau. Ceux qui voient ces amoureux le ressentent.

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Tout est promesse : « Nous irons l’un vers l’autre dans le partage sans domination et dans une liberté de paroles bienveillantes – l’amour ne sera plus un chemin de batailles ».

Les cœurs circulent comme des feuilles portées par le vent. C’est le vent paraclet, le souffle de l’Esprit : le consolateur, le défenseur, l’intercesseur. Cette trinité n’est pas la seule grille de lecture de l’œuvre de Caroline Dahyot, mais c’en est une. « Certaines âmes restent pour nous guider » : elle l’inscrit sur la toile. C’est ainsi.

Par Jean-François Guillou

« Le noyau primitif »

C’est la première œuvre que découvriront les visiteurs en arrivant au musée. Cet ensemble de sculptures de Fanny FERRÉ est installé depuis 2019 dans le parc de l’ex-pavillon des femmes.
Le travail du temps poursuit celui de l’artiste.

« Les êtres qui naissent depuis un quart de siècle sous les doigts de Fanny Ferré ont définitivement adopté la grâce énigmatique des nomades. Façonnées comme par le vent, leurs silhouettes puissantes mais gracieuses, nimbées de longues chevelures et de rares oripeaux, n’en finissent pas de prendre le large. Toutes définissent la condition humaine tel un désir inassouvi d’ailleurs. »
Françoise MONNIN, critique d’art – Rédactrice en chef de la revue ARTENSION – février 2016


L’atelier de Fanny FERRÉ, à Saint-Sulpice-sur-Risle (Orne), en octobre 2018.
Photographies de Michel VASSAULT

André ROBILLARD dans la revue Rhizome (n°84)

 Échappées artistiques : revue Rhizome (février 2023, n°84)
André Robillard explique comment « l’art brut a changé sa vie » (p. 16 et suivantes)

Francis MARSHALL au MA&D

À partir du samedi 25 mars 2023, le musée Art et Déchirure (Sotteville-lès-Rouen) rouvre au public et nous redonne accès à une pièce exceptionnelle : l’installation la plus aboutie et la plus riche des travaux de Francis Marshall, conçue et réalisée par Joël Delaunay dans le cadre du festival Art et Déchirure en 2017. Un musée dans le musée, heureusement conservé en l’état depuis. Aucun autre espace ne vibre avec autant d’évidence avec les œuvres qu’il met en scène.
Incontournable.

La salle Francis Marshall, Musée Art et Déchirure – photo JFG
La salle Francis Marshall, Musée Art et Déchirure – photo JFG

Caroline DAHYOT : un cœur à corps

folio #1 / MA&D

Imago mundi

La villa Verveine, c’est comme un jeu de miroirs : des images qui se démultiplient, un monde-kaléidoscope qui désoriente. Y pénétrer, c’est accepter de devenir à son tour une figure de ce singulier théâtre. Tous les supports (murs, plafonds, planchers, meubles, objets) ont été colonisés par l’image. Il n’y a pas de hors champ, pas de cadre pour circonscrire l’œuvre. C’est un monde intérieur : un cocon, un nid, un foyer, un ventre, un espace où la lumière du dehors, comme dans l’art du vitrail, ne prend vie qu’au dedans.

Des ex-votos

Quand on lui demande quelles sortes d’histoires elle raconte avec ses images, Caroline répond : « c’est pas des histoires que je raconte, c’est des projections ». Que veut-elle dire exactement ? D’abord qu’il ne s’agit pas d’un univers de fiction mais d’un travail autobiographique, même s’il n’interdit pas le rêve et le merveilleux. Ensuite que son propos n’est pas la narration (passé et anecdotes semblent peu l’intéresser) mais la restitution-retranscription de visions (elle évoque des hallucinations dans une interview accordée à Roberta Trapani en 2021). Enfin qu’une projection, c’est aussi un projet. Une manière de peindre l’avenir : pas seulement pour l’entrevoir (divination et lames de Tarot) mais pour l’infléchir (poupées propitiatoires). Quand d’autres allument des cierges dans les églises, Caroline Dahyot fabrique des ex-votos. Il ne s’agit pas de piété mais de magie active. Elle le dit. Elle dit même que cela n’a pas toujours fonctionné.

Seul l’amour sauve

« Je ne cherche pas la perfection, juste l’expression », écrit-elle aussi sous une de ses figures. L’expression, c’est la justesse du premier jet porté par ce qu’on pourrait appeler la sincérité. La figure n’est pas là pas faire joli mais pour dire une urgence, sans fioritures, sans maquillage. C’est l’expression brute de l’amour : je veux aimer et être aimée.
Le message est d’une simplicité biblique : seul l’amour sauve. Seul l’amour peut conjurer le mauvais sort et garantir bonheur et protection à celui qui regarde avec son cœur, c’est-à-dire avec son âme. Les images fonctionnent comme des amulettes. Et la pensée magique qu’elles révèlent est toute orientée vers un seul but : la protection des êtres aimés et la promesse d’un bonheur simple.

Sages comme des images

Pourtant, même si Caroline Dahyot fait de sa vie son unique sujet, son unique objet – ses enfants, ses amoureux, ses malheurs et ses bonheurs – elle se livre paradoxalement assez peu. Les images prolifèrent, mais dans une scénographie qui met en avant l’image d’un monde sage. « Ulysse, Marie et moi sommes sages », écrit-elle : sages comme des images. Et c’est exact. La prolifération de la figure peut déstabiliser l’œil mais ne choque pas la morale.

Un cœur à corps

Si l’amour occupe le devant de la scène, le sexe y demeure marginal. Lorsque la question est évoquée, on a l’impression que la représentation se cantonne au cliché : un homme qui palpe les seins d’une femme et cette femme, seulement vêtue d’un justaucorps rouge et de bottes noires, qui chevauche la jambe de l’homme et entreprend son entrejambe. Des lèvres-langues se cherchent sans forcément se trouver. On comprend que le sujet principal n’est pas là.

Plus probants, car ce sont des figures récurrentes : des cœurs qui s’offrent comme des fruits. De quel désir sont-ils le nom ? À l’origine, explique Caroline Dahyot, il y avait un fort désir de maternité. Ces cœurs-là sont des symboles de vie : des ventres-cœurs où la vie fabrique la vie. Des cœurs de mère.

« N’ayez pas peur »

L’artiste crée pour conjurer une absence, pour peupler le vide. Mais pas seulement. Le projet de la villa Verveine est total. La saturation de l’espace qui le caractérise est une démarche qu’on retrouve chez d’autres créateurs-créatrices d’art brut ou d’art singulier : saturer l’espace pour conjurer le hasard, comme si le vide renvoyait à l’incertitude, source de toutes les angoisses.

Musée Art et Déchirure Sotteville-lès-Rouen

En investissant tout l’espace, on épuise tous les possibles. C’est une manière de se préserver du doute, de la polysémie et du vertige de l’interprétation du monde. On ne parle pas du doute qui fonde la liberté de penser, mais de celui qui inhibe, qui paralyse toute entreprise. Dans ce sens, le processus créatif fonctionne comme un acte de foi : créer pour ne plus craindre. C’est en somme une transposition en art et en acte du cœur du message chrétien : « N’ayez pas peur ». Ce qui veut dire : « cessez de douter », « croyez en vous », « créez ».
« Quand je dessine, je doute pas, explique Caroline, même si je trouve que je suis pas forte, je m’en fous, en fait je fais ».

Par Jean-François Guillou

Villa Verveine : une visite

Merci à Caroline, merci à Joël.

Exposition André ROBILLARD

du 25 mars au 24 septembre 2023
au Musée Art et Déchirure – Sotteville-lès-Rouen

Samedi 25 mars 2023 14h-17h


André ROBILLARD

André ROBILLARD, né en 1931, est un auteur d’art brut choisi par Jean Dubuffet pour entrer dans sa collection dès 1964. En 1982, il rejoint celle de L’Aracine qui a intégré le LaM (Villeneuve d’Ascq) en 2010. Il a été accueilli plusieurs fois par Art et Déchirure : lors du 3ème festival en 1992, puis en 1998 et avec « Tuer la misère » en 2010.

Ailleurs tchèque : un documentaire

L’art brut tchèque d’Ota Prouza | ARTE Regards

Depuis plus de cinquante ans, l’artiste Ota Prouza vit dans un foyer pour handicapés mentaux d’une petite ville du nord de la Bohême, près de la frontière allemande. Fasciné par les paysages urbains, il les retranscrit à travers d’amples dessins, sur des bandes de papiers collés ensemble. Ses œuvres sont exposées dans le monde entier.
Reportage (Allemagne, 2022, 32mn) – disponible jusqu’au 21/09/2023

TUER LA MISÈRE – ROBILLARD & les ENDIMANChÉS (2008)

2008 – Première collaboration musicale, dans le cadre du spectacle théâtral du même nom, entre une grande figure de l’art brut et un grand groupe du punk arty. Le titre « Tuer la misère » fait référence aux « fusils pour tuer la misère » qui ont rendu célèbre Robillard. Voix, instruments, percussions : André Robillard – Instruments, arrangements, prise de son, mixage : Antonin Rayon – Musiques originales, instruments, voix : Alexis Forestier et Charlotte Ranson

Hubert DUPRILOT au Cirque-Théâtre d’Elbeuf

Le Musée Art et Déchirure de Sotteville-lès-Rouen s’est associé au Cirque-Théâtre d’Elbeuf pour présenter BLANC : un spectacle de Sébastien Wojdan, vendredi 3 et samedi 4 février 2023.

À cette occasion, et en préambule à la réouverture du Musée Art et Déchirure le 25 mars 2023, le foyer du Cirque-Théâtre a exposé, en présence de l’artiste, une sélection d’œuvres d’Hubert DUPRILOT issues du fonds de la collection du Musée.

Hubert DUPRILOT au Cirque-théâtre d’Elbeuf, samedi 4 février 2023 – photomontage JFG
Hubert DUPRILOT et sa compagne, avec une partie de l’équipe du Musée Art et Déchirure (de droite à gauche : Catherine GONIOT, Catherine DESNEUX, Joël DELAUNAY et Corinne GRABER GUILLOU)
Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG

Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG

Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG
Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG
Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG
Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG
Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG
Hubert DUPRILOT, collection Musée Art et Déchirure – photo JFG