LES ORIGINES
Née en 1988 de la volonté de deux infirmiers psychiatriques du Centre Hospitalier du Rouvray, Joël Delaunay et José Sagit, l’association Art et Déchirure ambitionnait de faire découvrir au grand public des œuvres créées par des patients atteints de troubles mentaux.
Avec le Festival Art et Déchirure, proposant expositions et spectacles vivants à Rouen et alentours, ce pari a été tenu pendant 30 ans : 17 éditions ont contribué à porter un autre regard sur la maladie mentale. Au fil des années, le festival a attiré un public de plus en plus nombreux et les médias s’en sont largement fait l’écho. Si le festival a pris fin avec la crise sanitaire (dernière édition en 2019), le temps du confinement a été mis à profit pour imaginer une suite… pour cet art singulier.
UN ART SINGULIER
Pour les fondateurs de l’association, l’art singulier – expression empruntée à Alain Bourbonnais, collectionneur d’art hors-les-normes et initiateur de l’exposition « les singuliers de l’Art » (Paris 1978) – regroupe les formes d’expression issues du monde du trouble mental, de la marge, de ce qu’ils ont nommé la déchirure de l’être.
LA COLLECTION
La collection Art et Déchirure est constituée de plus de 300 œuvres, acquises ou offertes par les artistes. Elle est caractéristique de cet art singulier, souvent né dans l’urgence et la souffrance, tant par la personnalité des artistes que par les techniques ou les thématiques retenues. Ces oeuvres témoignent d’une étonnante puissance créatrice.
LE MUSÉE
L’idée de disposer d’un lieu permanent permettant de conserver la collection et de la montrer au public s’est imposée avec l’inscription progressive du Festival Art et Déchirure dans le paysage culturel rouennais.
L’ouverture de l’hôpital du Rouvray sur le monde extérieur, la bienveillance de son administration et en particulier de son directeur Jean Yves Autret, le soutien de mécènes, institutionnels ou privés, et le succès du financement participatif, ont permis sa concrétisation : le musée a été inauguré le 21 octobre 2017.
UN LIEU SINGULIER POUR DES ŒUVRES SINGULIÈRES
Le Centre Hospitalier du Rouvray est situé sur les communes de Saint-Etienne-du-Rouvray et de Sotteville-lès-Rouen, dans un parc de 80 ha. Certains pavillons, trop anciens, ont été désaffectés. C’est l’un d’eux, occupé par des femmes jusqu’en 1982, qui a été mis à la disposition de l’association par le directeur de l’Hôpital.
Caractéristique de l’architecture hospitalière de la fin du XIXème siècle, ce bâtiment à la façade en brique rouge est composé d’un alignement de salles longées par un couloir éclairé par de hautes fenêtres. Au dehors, les silhouettes des arbres centenaires du parc atténuent l’austérité du lieu.
Le pavillon a été laissé volontairement en l’état afin de permettre un dialogue entre les œuvres présentées et un passé d’enfermement qu’on imagine aisément.
LA SUITE DU PROJET
Fidèle à ses origines, l’association Art et Déchirure, renouvelée en 2022 sous la présidence de Joël Delaunay, entend témoigner de l’existence de ces productions singulières, situées à la marge de l’art contemporain et de l’art brut.
Elle souhaite mettre en valeur la collection, l’enrichir et la rendre accessible à tous. Lieu vivant au cœur de la cité, le musée sera à la fois centre de ressources, lieu d’échanges et porte ouverte sur un monde mal connu.
Il proposera :
– rencontres avec des artistes
– conférences et ateliers
– visites guidées pour des groupes
– collaborations avec d’autres musées (LAM, Musée Guislain (Belgique), Musée Ovartaci (Danemark), Fabuloserie…) ou avec des structures médico-sociales, des établissements culturels ou d’enseignement.
– espace café / petite restauration
– organisation de week-ends festifs, d’expositions temporaires ou d’installations éphémères