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C’est un détail : dans l’œil d’Éric DEMELIS
Un article publié sur ce blog en 2023 dans la série « C’est un détail »

Le reflet du visage de l’artiste dans la pupille de son personnage. Le procédé est ancien et renvoie à une référence célèbre dans l’histoire de l’art : celle du peintre flamand Jan Van Eyck qui, dans le portrait des Époux Arnolfini, s’est représenté dans le reflet d’un « œil de sorcière » (un miroir convexe).

Mais on peut aussi y voir un propos plus grave, une référence à la justice divine dont notre conscience serait le reflet (Victor Hugo, La conscience dans La légende des siècles) :
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.(…)
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

Ou bien une autre référence, renvoyant à la justice des hommes cette fois : « œil pour œil, dent pour dent » (Code de Hammurabi, 1750 av. J.-C. : § 196 : Si quelqu’un a crevé un œil, on lui crèvera un œil. § 200 : Si quelqu’un a fait tomber une dent, on lui fera tomber une dent.) ?
Des yeux, des dents, vous les voyez comme moi, n’est-ce pas ?

Ou bien les yeux de…

Ou bien l’œil surréaliste de Luis Buñuel et Salvador Dalí

Ou bien un simple aléa pictural, une illusion d’optique, comme cet œil-nuage flottant dans un ciel mongol…

Marc Giai-Miniet
Nous avons le plaisir de vous annoncer que l’installation des œuvres de Marc Giai-Miniet est désormais fin prête ! Cet artiste est connu pour ses dioramas minutieux aux détails époustouflants. Il peint avec beaucoup de force un monde souterrain et captivant.
Venez découvrir son univers lors du vernissage le 22 novembre à 18h30 au musée Art et Déchirure.


Yves-Jules FLEURI : peintre d’actualités
Yves-Jules Fleuri est né près de Lille en 1960.
Orphelin à six ans, il est placé dans une famille d’accueil puis en institution. Il est ensuite transféré en Belgique à sa majorité en raison d’un manque de place d’accueil pour personnes handicapées en France.
Il travaille dans la menuiserie, pratique le théâtre, l’horticulture, le dessin et la peinture.
Il s’inspire de l’actualité, de célébrités ou d’anonymes.
Il utilise la mine de plomb, la peinture acrylique et surligne les contours au feutre noir ; des légendes identifient les personnages. Des points de suspension scandent sa narration.


Voir aussi la notice qui lui est consacrée sur le site de La Collection de l’art brut à Lausanne.
Marie-Rose LORTET : les métissages de la vie
par Jean-François GUILLOU
Son travail est fait de choses entremêlées, de contrastes qui se côtoient jusqu’à presque s’épouser, se fondre ou se confondre, ou bien se disjoindre. C’est le fil de la vie. Il y a des lignes directrices et des chemins de traverse, des racines qui finissent par se perdre dans des canopées. Ou l’inverse. Pour tisser il faut au moins deux fils, mais souvent davantage : une envie, une idée, un projet, une vie sans doute… Le tissage est métissage : c’est cela le message. C’est comme ça que je le vois.
Que tisse Marie-Rose lorsqu’elle tisse ? Un peu d’elle-même et beaucoup du monde. De bribes et de brins, elle brode un bric-à-brac fait de bric et de broc. Et cela fait un monde. Ariane et Pénélope, tout comme Rose et Marie, les deux filles de la vie.

Collection : Marie-Rose LORTET

Plasticienne française née en 1945 à Strasbourg et vivant à Vernon-Giverny
Jean Dubuffet présente ses travaux en 1967 dans sa galerie de la rue de Sèvres à Paris.
« tissé de fils fins / cotons de couleur / entrelacs / nœuds, tissages, tresses / choses entremêlées / racines, lierre / troncs de glycine / tricot / chanvre, plastique, épluchure, fil électrique, papiers de chocolats, bouchons de champagne / naïveté, jeunesse, masques, mauvais esprits de l’inconnu / territoires de laines, mailles par accumulation, excroissances / associations mentales / habits bigarrés / rêves inouïs / souris oubliées / serpents endormis / liberté… »
(d’après un texte d’Aurélien Lortet)



Notice du catalogue du Festival Art et Déchirure 2017 :
Renaissance et sarabande
Sarabande tissée et brodée au milieu d’un entrelacs de toiles, de fils, de structures, de boites, de cubes et bobines de toutes grandeurs, couleurs et matières, une troupe de masques et têtes tous plus énigmatiques les uns que les autres s’articule en un théâtre digne de la Comedia dell’ARTE
Rien ne se perd, tout est transformé, détourné dans le monde des fils de Marie Rose Lortet. Tout s’empile, s’amasse, s’agite, c’est un univers qui se crée et prend vie devant Elle.
La nuit tout s’anime, s’agite. Les personnages rient, crient, hurlent au moindre intrus qui les dérangent. Les ombres portées dans un tohu-bohu fantasmagorique s’allongent, virent, voltent et chavirent ; un instant elles s’arrêtent, hésitent à la première lueur de l’aube avant que l’un des tableaux n’ouvre un œil, réveille le panneau voisin encore assoupi et sonne la charge à la lueur naissante. Le jour gagne, achève de réveiller la troupe encore fatiguée de la sarabande de la nuit, véritable RENAISSANCE. Tous reprennent soufflent et petit à petit s’articulent, s’illuminent, s’indisciplinent, s’emballent au rythme de la Créatrice qui monte et descend sans fin, repique et recoud, taille et sculpte encore et encore.
Elle connaît chacun par son nom : L’ENTÊTÉ, L’ORIENTAL, LE QUASIMENT
Elle saura remettre l’un à sa place qui la contrarie et saura s’émouvoir de la flatterie de l’autre, l’espièglerie du troisième ou les encouragements de tous si elle s’essouffle.
Lorsque l’un ou l’autre quitte l’atelier un nouveau fil se tend et transporte la magie, le mystère et la force créatrice.
Tout se prolonge dans et au delà des murs.
La nuit, le jour, ici ou là.
Tout prend vie… ils crient, soufflent…
Ils s’agitent, se moquent, surveillent et protègent.. ..
Jamais vraiment éloignés de leurs modèles
RENAISSANCE
Tout est lié, tout se tient, c’est le monde des fils de MARIE ROSE
>> Philippe Jozan
« Accueil » : une installation de Caroline DAHYOT


Caroline DAHYOT est venue installer sa famille-monde dans la salle d’accueil de l’ancien pavillon des femmes du C.H.R. Un lieu qui abrite désormais le Musée Art et Déchirure à Sotteville-lès-Rouen.

Elle travaille au plus juste, avec une étonnante économie de moyens (un escabeau, un tube de couleur, un pinceau, une touche) pour un résultat foisonnant et déconcertant qui joue, comme sans l’avoir voulu, de la répétition et du décalage. C’est très dense et c’est très construit, mais par touches légères et rapides, qui se posent avec justesse exactement là où on ne les attendait pas.

Au centre du dispositif, une grande fresque peinte sur un sol anthracite : des lèvres qui s’unissent jusqu’à ne former qu’une bouche. La lumière émane des corps amoureux : elle est comme le fruit de ce baiser. « Je t’aime de tout mon cœur » se disent-ils mutuellement : un amour-luminaire qui éclaire le miroir obscur de la surface des eaux, comme dans le songe d’une nuit d’été au bord d’un lac. C’est beau. Ceux qui voient ces amoureux le ressentent.
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Tout est promesse : « Nous irons l’un vers l’autre dans le partage sans domination et dans une liberté de paroles bienveillantes – l’amour ne sera plus un chemin de batailles ».

Les cœurs circulent comme des feuilles portées par le vent. C’est le vent paraclet, le souffle de l’Esprit : le consolateur, le défenseur, l’intercesseur. Cette trinité n’est pas la seule grille de lecture de l’œuvre de Caroline Dahyot, mais c’en est une. « Certaines âmes restent pour nous guider » : elle l’inscrit sur la toile. C’est ainsi.

Par Jean-François Guillou
Collection : Ignacio CARLES-TOLRÀ

Voir la notice que lui consacre la Collection de l’Art Brut Lausanne.