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Art et déchirure : une exposition au cœur d’un asile psychiatrique

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/03/musee-art-et-dechirure-une-exposition-au-c-ur-d-un-asile-psychiatrique_6187643_3246.html

Installé dans un hôpital en Seine-Maritime, le lieu culturel présente, entre autres, les œuvres d’André Robillard, artiste interné durant une grande partie de sa vie. 

Par Harry Bellet (Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), envoyé spécial )

Exposition consacrée à André Robillard, au centre hospitalier du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime).
Exposition consacrée à André Robillard, au centre hospitalier du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime).  JEAN-FRANCOIS GUILLOU

L’art brut ou singulier, celui des autodidactes ou des aliénés, est depuis longtemps accueilli par les grands musées. Il est moins fréquent d’aller le voir dans une institution qui en est aussi un des lieux de production, l’asile psychiatrique. C’est ce que propose le Musée Art et déchirure à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), installé dans le pavillon La Roseraie, un bâtiment autrefois réservé aux femmes installé au milieu d’un parc, mis à la disposition du musée par le centre hospitalier du Rouvray.

Les Rouennais connaissent le festival, lui aussi nommé Art et déchirure : en 17 éditions biennales, de 1989 à 2009, le musée les a familiarisés avec cet art autre, cet art insolite. L’épidémie de Covid-19 a signé sa fin, mais les œuvres acquises durant ces années demeurent et forment le fonds du musée – trois cents ou quatre cents pièces à ce jour, l’inventaire est en cours –, complété par une exposition consacrée aux machines guerrières, principalement des fusils en bois, d’André Robillard. Un artiste historique, en quelque sorte. Né en 1931, il a passé presque toute sa vie en hôpital psychiatrique (il y vit toujours), mais fut repéré par le peintre Jean Dubuffet (1901-1985), en 1964, qui l’intégra à sa collection d’art brut, aujourd’hui regroupée à Lausanne (Suisse).

Le musée de Sotteville-lès-Rouen est géré par une association présidée par Joël Delaunay, carrure de rugbyman, autrefois chargé de l’animation au sein de l’hôpital, qui a eu l’idée de sortir des traditions asilaires : « A nos débuts, en 1989, nous avions décidé de montrer les œuvres de malades en les confrontant avec celles d’artistes contemporains qui ne l’étaient pas. Nous voulions ouvrir l’hôpital, ne plus être un ghetto. » En commençant par en sortir : le festival avait lieu, notamment sa programmation théâtrale, hors les murs, en ville. Les acteurs étaient le plus souvent des patients de l’hôpital. « Une charge émotionnelle incroyable », se souvient Joël Delaunay.

L’horreur du vide

Avec le soutien du directeur de l’hôpital, un financement participatif et beaucoup de bonne volonté, le musée s’est ainsi constitué dans un pavillon désaffecté du centre hospitalier. Un bâtiment du XIXe siècle que la modestie des moyens a conduit à laisser largement dans son jus, ce qui permet d’imaginer la vie quotidienne des aliénées qui l’occupèrent. Cela donne également une résonance singulière aux œuvres exposées, d’une nature bien différente de celle que l’on peut ressentir dans un musée classique. Ainsi les œuvres de Robillard, très bien représentées dans la collection de L’Aracine déposée au Lille Métropole Musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq (Nord), partenaire de l’exposition, prennent une dimension bien plus familière.

« On peut tout se permettre, ici », dit Joël Delaunay. Exposer des œuvres de psychotiques, mais aussi de gens qui ne sont pas malades. « Sauf, précise-t-il, que lorsque je discute avec ceux-là, il y a toujours une faille quelque part. Cette dame qui travaille avec des poupées Barbie m’a confié avoir été victime d’inceste. Celui-là est toxico, celui-ci fait de temps à autre des bouffées délirantes absolument terribles… D’autres sont à peu près stabilisés et mènent une vie normale. Celui-ci, par exemple, a même été invité à enseigner aux étudiants des Beaux-Arts du Havre par son directeur, qui voulait leur montrer un autre regard sur l’art. Cet autre est alcoolique : avec des Cubitainer vides, il a fait un chemin de croix. Pourtant, il est communiste ! » A méditer dans le débat sur l’opportunité de séparer l’œuvre de son créateur…

Il y a toutefois des constantes dans cet art brut. L’une d’entre elles est l’horreur du vide. Dans un dessin, on remplit la feuille. « C’est la même chose que dans les lettres des schizophrènes », remarque Joël Delaunay. Dans une sculpture, on accumule. Certaines sont un fatras incroyable, d’autres sont au contraire classées, rangées avec une rigueur implacable. La même variété se retrouve dans l’accrochage du musée, tantôt minimal, tantôt d’une densité réjouissante. Avec parfois une salle entière réservée à un seul artiste. C’est le cas, par exemple, de Caroline Dahyot, qui a transposé dans une grande pièce un peu de l’esprit de la maison qu’elle habite à Ault (Somme), entièrement couverte de ses peintures.

Reste que, pour l’historien d’art, ces pratiques sont perturbantes. Les grilles d’évaluation classiques sont inopérantes. C’est ce que confirme Joël Delaunay : « Il faut se poser la question : est-ce que c’est beau ? La plupart du temps, non. Est-ce que c’est émouvant ? Oui, toujours. »

« André Robillard », Musée Art et déchirure, centre hospitalier du Rouvray, 4, rue Paul-Eluard, Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). mercredi et samedi-dimanche, de 14 heures à 18 heures, jusqu’au 24 septembre.

Harry Bellet (Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), envoyé spécial )

Conférence “Ce que l’art brut a fait à André Robillard”

André Robillard, né en 1931, a été choisi par Jean Dubuffet pour intégrer sa collection dès 1964. Il a, plus tard, rejoint celle de l’association L’Aracine. Depuis 2010, cette collection a intégré le LaM à Villeneuve d’Ascq. André Robillard est tout à la fois dessinateur, sculpteur, musicien mais aussi acteur lorsqu’il joue sa vie avec Alexis Forestier dans Tuer la misère ou Changer la vie. Ses œuvres ont été présentées plusieurs fois à Rouen lors des festivals Art et Déchirure : en 1992 (3e festival), en 1998 avec la collection de L’Aracine et en 2010

Une conférence proposée par le Musée Art et Déchirure, le LaM et L’Aracine au C.H.R. du Rouvray à Sotteville-lès-Rouen le vendredi 28 avril 2023.
Par Savine Faupin, conservatrice en chef en charge de l’art brut au LaM – Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, avec la participation de Bernadette Chevillion, vice-présidente de L’Aracine, et en présence de Claude et Clovis Prévost, auteurs, photographes et cinéastes, auteurs du documentaire « Visites à André Robillard » / co-production LaM

Introduction de la conférence par Mme Bernadette Chevillion, vice-présidente de L’Aracine
MA&D / Conférence “André Robillard” (1) / CHR du Rouvray / 28 avril 2023 / Mme Savine FAUPIN

Collaboration exceptionnelle entre le Musée Art et Déchirure et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf pour le spectacle 080.

Nous sommes ravis de vous annoncer une collaboration exceptionnelle entre le Musée Art et Déchirure et le Cirque Théâtre d’Elbeuf pour le spectacle 080.
Dans le cadre de cet événement, des œuvres du musée en lien avec le spectacle seront exposées dans les coursives du théâtre.
Cette collaboration met en avant la complémentarité entre les arts plastiques et les arts vivants, offrant une expérience multidisciplinaire unique pour les amateurs d’art et de culture.

Spectacle : samedi 06 mai à 18h00 au Cirque Théâtre d’Elbeuf.

080 – photo Cirque-Théâtre d’Elbeuf

À la croisée du cirque chorégraphique et du théâtre gestuel, 080 trace, raconte avec humour et tendresse l’histoire d’un être imaginaire, ni femme ni homme, qui n’a ni sexe ni bouche, pas de valeur, pas de famille, pas de pudeur. Mais quelle est donc cette étrange créature, digne d’un saisissant scénario de science-fiction : un mutant, notre double ?

Participez à la Conversation circassienne le samedi 6 mai à 16h30 : en introduction au spectacle, rencontre avec Jonathan Guichard, metteur en scène.

À la une, dans Culturematin

https://www.culturematin.com/publics/mediation/pratiques/musee-reouverture-du-musee-art-et-dechirure-a-l-hopital-psychiatrique-du-rouvray-seine-maritime.html

Conférence

“Ce que l’Art Brut a fait à André ROBILLARD”

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Des fusils pour tuer la misère

Musée Art et Déchirure Sotteville-lès-Rouen
André ROBILLARD au Musée Art et Déchirure, le 25 mars 2023, devant un de ses fusils – photo JFG

Les fusils d’André ROBILLARD, alors que la guerre est de retour en Europe, interpellent avec force le visiteur de l’exposition du Musée Art et Déchirure. Mais ils peuvent prêter à contresens. Des fusils pour faire quoi ? Savine Faupin, conservatrice en charge de l’art brut au musée du LaM, nous aide à mieux les comprendre en recontextualisant utilement ces œuvres (une vidéo réalisée en 2021).

TUER LA MISÈRE – ROBILLARD & LES ENDIMANChÉS (2008)

Ouverture du musée : émotion et engagement

Discours de Joël Delaunay, président de l’association Art et Déchirure et directeur du Musée Art et Déchirure : “faire avec la différence pour faire ensemble, c’est cela qui importe.”

André ROBILLARD et Bernadette CHEVILLION, vice-présidente de L’Aracine et commissaire associée de l’exposition André Robillard – samedi 25 mars 2023 au Musée Art et Déchirure de Sotteville-lès-Rouen.

Christine DE CINTRÉ, conseillère métropolitaine déléguée en charge du tourisme et de Rouen Capitale européenne de la culture 2028 : “Le désir de travailler ensemble entre l’équipe d’Art et Déchirure et l’hôpital nous donne un très bon signe et ça nous encourage de notre côté à soutenir ce lieu culturel pour qu’il puisse fonctionner au quotidien mais aussi, plus largement, pour l’associer à notre dossier de candidature de Rouen Capitale européenne de la culture 2028 dans laquelle ce musée, qui met au cœur de son projet l’humain et l’art, a évidemment toute sa place.”

Côté Rouen / Réouverture du Musée Art et Déchirure

Rouverture : le (presque) direct

Ottilie et Colin (services civiques) à la billetterie – Merci ! – photo CGG
Joël Delaunay (directeur du Musée) et Minouche (créatrice en Cotentin) – photo CGG
Un public nombreux dans la salle consacrée à l’exposition André Robillard – photo JFG
Lectures de Paroles singulières – photo JFG
Lecteurs : Didier URVOAS, Rémi ROSET, Brigitte VALIN, Françoise HEUDRON, Claire RAIMBAUD, Jean-Pierre DEVARS, Josette EMO
André ROBILLARD devant un de ses “fusils pour tuer la misère” – photo JFG
Marie-Rose LORTET et André ROBILLARD dans le parc du Musée – photo JFG
Caroline DAHYOT présente son installation à André ROBILLARD – photo JFG

André Robillard, reporter spatial

Dessinateur et reporter-conteur de la conquête spatiale : “Je suis allé sur la planète Mars à 600 millions de kilomètres de la Terre. C’est loin, mais ça m’intéresse. J’ai pris mes jumelles et j’ai regardé les cratères, si il y avait quelque chose dedans, si c’était habité.”

Ainsi parle André Robillard. L’artiste est mondialement connu pour son œuvre de sculpteur et ses fusils “pour tuer la misère”. Son autre domaine de prédilection est l’exploration du système solaire et plus particulièrement le temps des premiers héros de la conquête spatiale, entre 1957 (Spoutnik) et 1972 (fin du programme Apollo) au cœur de la Guerre froide : Gagarine, Armstrong, Collins, Aldrin…

Ces dessins font partie de l’exposition André Robillard
Musée Art et Déchirure
CHR de Sotteville-lès-Rouen
25 mars – 24 septembre 2023.

André ROBILLARD, VÉRhNER.VON BRAUN.SAVANT LE V1.ALLEMAND, feutre sur papier – photo JFG
André ROBILLARD, US AIR FORCE CHASSEUR BOMBARDIEN, feutre sur papier – photo JFG

André ROBILLARD, La comète All Bopp et la fusée Apollo USA 17, feutre sur papier – photo JFG

André ROBILLARD, LA COMÈT All Bopp , LA TERRE, LE SOLEIL, COLLINS ADRINS LE 21 juillet 1969 SUR LE SOL LUNAIRE NEIL ARMSTRONG, feutre sur papier – photo JFG